En temps incertain, le choix de la transformation est cornélien car l’information est rare. En décidant trop tôt on risque de faire des erreurs par manque d’information ; en attendant pour avoir plus d’information, les options se réduisent car d’autres ont déjà façonné la nouvelle réalité. Comment sortir du dilemme et construire une stratégie distinctive ?
S’appuyer sur des données internes et les mettre en débat
Dans leur article récent publié sur la Harvard Business Review, deux consultants du cabinet Innosight développent une argumentation originale : pour initier une transformation mieux vaut s’appuyer sur les données internes à l’entreprise que sur des données externes.
En effet, par nature, les données externes contenues dans des rapports et analyses sectorielles révèlent les tendances et évolutions passées, elles contiennent des indications tardives et reflètent le résultat des choix des acteurs d’un marché. En s’appuyant sur ces données une entreprise se voit donc contrainte de s’inscrire dans un jeu stratégique déjà décidé par d’autres.
Egalement, les rapports et analyses externes peinent à déclencher une prise de conscience de la nécessité de transformer une organisation. Les voix pour trouver des explications et justifications au status quo sont nombreuses pour démontrer que ces analyses ne s’appliquent pas ou peu au contexte de l’organisation.
Au contraire les auteurs proposent une approche différente:
- s’appuyer sur des données internes pour faire sentir la réalité des transformations à l’oeuvre. Il peut s’agir de données qualitatives (des verbatims de clients mais aussi de salariés récemment employés, ils sont souvent plus exposés aux changements du secteur). Les données quantitatives internes comme les évolutions des comportements des clients sur la période récente, l’analyse des discours sur les réseaux sociaux ou les forums spécialisés sont également porteuses de signaux précieux.
- mettre en débat les réalités émergentes et les faits peu représentatifs statistiquement. Proposer à un groupe de décideurs de se positionner sur une échelle de nécessité de transformation permet de partager les points de vue de celles et ceux, souvent rares, qui envisagent une urgence forte.
Ainsi pour construire une transformation distinctive, une approche productive consiste à mobiliser les données internes et les capacités d’analyses internes, pas pour imposer une vision commune mais bien pour nourrir une controverse, une dialectique qui progressivement fera émerger la signification de la situation et de la manoeuvre stratégique distinctive à réaliser.
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